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Julie OTSUKA
Certaines n’avaient jamais vu la mer

Phébus, collection «littérature étrangère»
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La collection
La présentation chez l’éditeur

Le livre

Nous sommes en 1919. Un
bateau quitte le Japon avec à son bord plusieurs dizaines de jeunes
femmes japonaises promises à des concitoyens travaillant aux
États-Unis, toutes mariées par procuration. Elles rencontreront
pour la première fois à San Francisco leurs futurs maris. « Celui
pour lequel elles ont tout abandonné. Celui auquel elles ont tant
rêvé. Celui qui va tant les décevoir. »

La voix de ces femmes
racontent chacune à leur tour leurs misérables vies d’exilées…
leurs nuits de noces, souvent brutales, leurs vies de travailleuses
agricoles ou de bonnes, leurs difficultés à apprivoiser une
civilisation inconnue, leur solitude, la naissance de leurs enfants,
la condescendance voire le racisme des Blancs… Cela jusqu’à
l’attaque de Pearl Harbor et la guerre contre le Japon en décembre
1941 et la déportation dans les camps d’internement quelques mois
plus tard. L’État américain considère alors tout Japonais vivant
en Amérique comme un traître à emprisonner.

L’avis

L’énumération de ces
destins de femmes passe bien car leur vie est cohérente, nous ne
nous éparpillons pas dans des existences très différentes: toutes
auront un mari et des désillusions, toutes travailleront docilement
et avec acharnement, toutes verront leurs enfants, vrais citoyens
américains, s’éloigner d’elles, toutes partiront dans des camps
d’internement.

C’est ce groupe de femmes
qui intéresse Julie OTSUKA. Voulant rappeler leur mémoire, l’auteur
américaine emploie le pronom « nous » dans son récit pour
parler d’elles. Avec empathie elle se met à leur place, les écoute.
Cette multitude de voix donne également un rythme particulier au
roman; une véritable polyphonie, parfois une litanie. Au début du
roman le «nous» est utilisé pour donner une voix aux femmes
japonaises puis à la fin du roman le «nous» évoque le peuple
américain (regardez ce que nous, peuple américain, nous avons fait
subir à la communauté japonaise).

J’ai trouvé la fin du
roman un peu rapide. J’aurais aimé en savoir plus sur ces femmes
japonaises après la guerre, après les camps. Mais le propos de
l’auteur est de montrer comment cette communauté japonaise a
disparu, pas comment elle a réintégré la société américaine
après la guerre.

Pour moi ce roman est
utile, très beau et fort.

Valérie MAHOUT, Bibliothéque du Pré Saint-Gervais

Dans la même famille

Un roman pour adolescents : Le Fil à recoudre les âmes  de Jean-Jacques GREIF en 2012 à
L’École des loisirs dans la collection « Médium »

Un
film
: « Bienvenue au paradis » en 1990 du réalisateur britannique Alan PARKER.

L’auteur

Ecrivaine américaine, Julie Otsuka est née en 1962 en
Californie. Diplômée en art, elle abandonne une carrière de
peintre pour l’écriture. Elle publie son premier roman en 2002,
Quand l’empereur était un dieu (Phébus, 2004; 10/18, 2008)
largement inspiré de la vie de ses grands-parents. Son deuxième
roman, Certaines n’avaient jamais vu la mer (Phébus, 2012) a
été considéré aux États-Unis, dès sa sortie, comme un
chef-d’oeuvre. Le titre original du roman publié aux États-Unis en
2011 est The Buddha in the attic
(le Bouddha dans le grenier)

Certaines n’avaient jamais vu la mer
a reçu le Prix Femina Etranger en 2012.

Sélection
décembre 2012

Certaines n’avaient jamais vu la mer

Parution : 2012

ISBN : 978-2-7529-0670-0

142 pages

Prix public : 15€

Public : adolescents/jeunes adultes